Figure majeure de la poésie russe du XXe siècle, Ossip Mandelstam naît à Varsovie en 1891, il s’éteindra en 1938 dans un camp de transit près de Vladivostok.
Mandelstam composa en novembre 1933, l’un des poèmes politiques les plus percutants du XXe siècle : une épigramme cinglante visant Staline et la Tchéka. Conscient des risques encourus, il élaborera ce texte mentalement, le mémorisant vers après vers, avant de le partager oralement dans son cercle confidentiel.
Nous vivons sourds à la terre sous nos pieds,
À dix pas personne ne discerne nos paroles.
On entend seulement le montagnard du Kremlin,
Le bourreau et l’assassin des hommes.
De nos jours, les poèmes doivent être civiques
, confia-t-il à la célèbre poétesse Anna Akhmatova. Reconnu comme chantre de l’insoumission, Mandelstam préférait le silence à une poésie étouffée par la censure.
Son épigramme incisive témoigne de son inébranlable intégrité artistique, face à la menace d’un régime totalitaire.