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Paul Robin (1837-1912) [04]

mardi 17 novembre 2020, par Victor Méric - Flax (Domaine public)

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De ces moyens, il en existe deux catégories : les moyens préventifs, d’abord, souvent inutiles, insuffisants, toujours restrictifs de plaisir ; les moyens abortifs ensuite.

LES MOYENS ABORTIFS ?

Parfaitement. La conclusion logique de la propagande néo-malthusienne ne peut être, ne sera que le droit à avortement, le droit d’avorter reconnu par la loi, contrôlé par la science.

De telles affirmations, nous ne nous le dissimulons point, sont pour faire hurler le troupeau d’irrémédiables imbéciles qui n’ont pas consacré le quart d’une minute de leur existence à réfléchir sur l’un des plus grands problèmes humains. Elles feront hurler aussi les tartufes laïques comme religieux qui au nom de la Société, de l’Evangile, de la Patrie, feindront de s’indigner véhémentement. Nous assurons, cependant, nos lecteurs, que nous n’apportons ici aucun désir de surenchère ou de paradoxe.

Nous avons conscience, au contraire, que nous établis-sons ici une vérité élémentaire.

Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil autour de soi, dans la société contemporaine. On y verra rapidement ceci : d’un bout à l’autre de l’échelle sociale, c’est à qui — riches ou pauvres — les premiers pour mieux jouir, les autres pour éviter la misère, d’autres encore par faiblesse et par suite des préjugés de l’époque — c’est à qui pratiquera l’avortement. Et cela, malgré les lois féroces, clandestinement, sans aucune connaissance médicale, avec la peur de la répression. Les hôpitaux, d’un bout de l’année à l’autre, sont emplis de jeunes femmes avortées dont le nombre augmente constamment. La crainte du qu’en dira-t-on, de la misère, de la famille, de l’époux, du policier, poussent ces malheureuses à cette extrémité. Là-dessus, d’ignobles trafiquants, dépourvus de tout scrupule, font la retape, se proposent pour opérer, tirent un bénéfice scandaleux de la situation douloureuse de pauvres femmes affolées. Et le mal a pris de telles proportions qu’on n’essaie même plus de réagir aujourd’hui. Il n’est pas à Paris, une jeune femme, mariée ou non, qui n’ait pratiqué, au moins une fois dans son existence, l’avortement. Il n’est plus un docteur qui, connaissant, par profession, toute l’immensité de l’infortune humaine, ose aujourd’hui dénoncer une « avortée ».

Dans une récente enquête faite par les soins de la Chronique Médicale, au sujet de l’avortement, 75 pour 100, parmi les docteurs interrogés, se sont prononcés pour l’avortement, indiquant que l’unique moyen d’endiguer les avortements clandestins et de parer à l’exploitation de charlatans indignes, était de reconnaître, une fois pour toutes, le droit à l’avortement, à l’avortement opéré avec toutes les garanties de la science et de l’hygiène et sous la responsabilité des docteurs.