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IX. Conseils à Turin (1919-1920) - La tradition des conseils

mardi 21 janvier 2020, par Pier Carlo Masini (CC by-nc-sa)

Il n’existe pas seulement une tradition italienne des Conseils, qui se rattache aux expériences de l’après-guerre rouge. Il existe une tradition européenne, mondiale. En Russie, le mouvement des Conseils eut un large développement durant la période de préparation révolutionnaire jusqu’à octobre puis sur la base des Conseils se développèrent deux courants : celui de l’« Opposition Ouvrière » de Schiapnikov, Lutocinov et Kollontaï et celui du mouvement de Kronstadt qui avançait, entre autres revendications, justement un retour aux Conseils. Et encore dix ans après la révolution de 1917 un courant d’extrême gauche résistait encore dans le parti bolchevik, courant dit de Smirnov, qui revendiquait le retour aux Conseils.

En Allemagne, la révolution brandit le drapeau des Conseils : les Conseils (Raete) constituent la forme de développement de la révolution en 1918, en 1919, en 1921 et en 1923. Le système des Conseils forme en outre le noyau essentiel du programme du « Spartakusbund » et plus tard devait surgir un parti partisan du Communisme de Conseils : le Parti Ouvrier Communiste d’Allemagne (K.A.P.D.) appuyé par une organisation de masse : l’Union Générale Ouvrière d’Allemagne (AAPD).

En Hollande se développa un important mouvement théorique autour de l’idée des Conseils : ce sont les « tribunistes » qui s’étaient déjà distingués avant la guerre par leur critique de la social-démocratie et au cours de la guerre par leur position internationaliste intransigeante, qui alors recueillirent cette idée, collaborant étroitement avec la gauche allemande. Herman Gorter et Anton Pannekoek devinrent les théoriciens de cette tendance.

En France, dans de nombreux groupes, on accorde une place de choix au problème des Conseils : le groupe « Spartacus » avec René Lefebvre et des noyaux d’exilés italiens et allemands s’en occupent plus particulièrement (en 1951, rappel du T.). Dans la myriade de publications des groupes révolutionnaires, la question des Conseils est soumise à un profond réexamen critique.

En Hongrie et en Bavière, l’expérience des Conseils ne se conclut qu’après le triomphe de la contre-révolution.

Partout, mais surtout en Bavière, en Hollande et en Allemagne, les anarchistes participèrent de façon positive à ce long travail pratique et théorique.