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Josef Lada : un grand illustrateur

mardi 2 mai 2023, par Yves Blavier (CC by-nc-sa)

Josef Lada

Josef Lada (1887-1957) est un peintre, illustrateur et caricaturiste dont l’œuvre est toujours appréciée en République tchèque. Des expositions de son travail y sont régulièrement organisées et ses tableaux illustrant des scènes de Noël à la campagne dans des décors typiques y sont célèbres. Mais Lada est surtout connu hors de son pays pour ses illustra­tions des recueils du Brave soldat Chvéïk.

Hašek vu par Josef Lada

Né dans un village de Bohême cen­trale, au sud-est de Prague, à Hrusice, il a été influencé par la vie de village qui domine dans son œuvre. Relieur de profession, Lada fait ses études à l’École des arts appliqués de Prague mais il les interrompt pour proposer ses dessins aux magazines. Il illustre et même écrit des livres pour les enfants. Il réalise des publicités et surtout des dessins humo­ristiques. C’est dans le milieu artistique qu’il rencontre Hasek en 1907 et se lie d’amitié avec lui jusqu’à la mort de ce dernier en 1923. L’écrivain loge même chez lui —sans toujours payer le loyer ! Lada apprécie aussi les idées politiques d’Hasek : Ses opinions politiques l’ont sûrement rapproché du mouvement anarchiste, ou à l’époque anarcho-com­muniste. Mais il n’est jamais entré dans un parti politique [ ... ] Il était indépen­dant, autant dans ses créations que dans ses opinions. Il était absolument original. D’ailleurs, le mouvement anarchiste était divisé en deux camps ; il écrivait volon­tiers pour l’un ou pour l’autre (Pavla Pecinkova).

En 1921, Hasek lui propose d’illustrer les aventures du brave soldat Chvéïk : Je ne créai pas le personnage [...] d’après une notion personnifiée, mais d’après la description faite par Hasek de Chvéïk dans son roman. Je peignis le Chvéïk qui, sous une pluie de balles et d’obus, au milieu des explosions, allume sa pipe. [...] J’apportai ce dessin de couverture au local [...] le jour convenu. Il plut beaucoup à Hasek et à son ami Sauer, qui me pro­mirent bientôt un honoraire. Mais au lieu de recevoir de l’argent, c’est moi qui dus payer la tournée. (Chronique de ma vie).

Cette première version est très différente des dessins que nous connaissons. Lada a repris ses illustrations après la mort de l’écrivain en 1924-1925. Pour le supplément du dimanche de la Parole tchèque, il réalise en deux ans près de 540 dessins suivant fidèlement le livre devenu très populaire. Le portrait de Chvéïk est tellement lié à son dessin que le cinéma et le théâtre ont échoué à en donner une autre représentation. Dans les années 50, une partie des dessins a été rééditée en couleur. Certains y ont vu (comme dans le roman) un manque de finesse et de bon goût mais les deux artistes n’ont jamais prétendu s’adresser aux esprits délicats ! L’art de Lada est un peu anachronique : villages de style baroque, paysans en habits... Il décrit rarement la Prague populaire d’Hasek, mais le trait est précis et les dessins font référence à chaque fois au livre.

Lada a appartenu à l’Association des artistes plasticiens et à celle des graveurs tchèques.

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