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He-Yin Zhen (1884-1920)

samedi 2 novembre 2024, par Jean-Jacques Gandini (CC by-nc-sa)

Originaire de la province côtière du Jiangsu, limitrophe de Shanghai, He Ban, née en 1884 et décédée en 1920 à l’âge de 36 ans, va adopter le surnom de Zhen – coup de tonnerre – comme nom de plume, et accoler à son nom patronymique de He, le nom de jeune fille de sa mère, Yin, pour s’appeler He-Yin Zhen, signe de sa volonté de s’émanciper du système patriarcal, fondement de l’asservissement des femmes.

Ce signe est révélateur car si nous redécouvrons, un siècle après, la pensée de cette grande figure de l’anarcha-féminisme, c’est que co-fondatrice avec son mari Liu Shipei, du périodique Tanyi – Justice naturelle – la plupart de ses articles ont initialement été attribués à ce dernier...

Dans ses textes, elle dénonce avec force la tradition confucéenne pour qui la femme n’est qu’un instrument pour fabriquer et nourrir la semence humaine, les hommes considérant leurs femmes comme leur propriété privée.

Mais elle dénonce également la lutte des femmes qui serait cantonnée à la seule obtention du droit de vote, les suffragettes : Je doute que la lutte pour le suffrage des femmes puisse apporter une transformation sociale radicale de la société .

C’est pourquoi il faut d’abord commencer par la révolution économique. À savoir, renverser le système de la propriété privée et le remplacer par le système de la propriété collective et en même temps abandonner toute forme d’argent. Avec pour corollaire l’indépendance professionnelle pour les femmes, tout en développant une réflexion sur le travail comme activité humaine de base, mais dans un sens à la fois organique et créatif. Elle développe également une critique globale systématique des bases politique, économique, morale et idéologique de la société patriarcale : seule une révolution sociale qui abattrait à la fois l’État et la propriété privée entraînera une véritable égalité sociale et la fin de toutes les hiérarchies.

C’est ce qui fait la spécificité et la radicalité de sa pensée : ce double combat est indispensable. Ainsi le féminisme ne peut-il s’épanouir qu’en lien avec l’anarchisme, seule philosophie politique faisant de l’abolition de l’État la condition nécessaire de toute véritable émancipation. Des hommes comme des femmes, et ce à l’échelle de l’humanité toute entière.

Cent ans après, la pensée de He-Yin Zhen est plus que jamais d’actualité !

He-Yin Zhen au premier rang à gauche

Voir en ligne : CIRA Marseille


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