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FORA - Les prémices

mardi 28 mai 2019, par Alex Matin (CC by-nc-sa)

La première section de l’AIT en Argentine date, selon José Ingenieros de 1811. En 1812, une « section française » (qui rassemblait néanmoins des militants de diverses nationalités) fut constituée et plusieurs autres sections furent fondées en 1873-1874. Les sections reflétaient en leur sein les divisions suscitées en Europe entre marxistes et bakouninistes. En 1876, un centre de propagande ouvrière bakouniniste fut fondé, ayant comme principal objectif de combattre les marxistes.

Le premier syndicat en Argentine fut fondé en 1877 : l’Union Tipografica. En 1878, ce syndicat fait éclater la première grève, qui se terminera d’ailleurs par une victoire ouvrière. Il se dissoudra en 1879.

Dix ans après la première grève, l’Argentine assiste pendant 3 ans (de 1888 à 1890) à une multiplication des grèves (boulangers, cheminots, maçons, ouvriers du bois, etc.), généralement pour des augmentations de salaire et de meilleures conditions de vie et de travail.

En 1890, à l’initiative de plusieurs associations a lieu la première « célébration » du 1er Mai en Argentine. Près de 2 000 ouvriers assistent au meeting et élaborent un « programme de revendications » de 12 points (dont la journée de 8 heures, l’interdiction du travail pour les moins de 14 ans, l’abolition du travail nocturne, la création de tribunaux de travail...).

Le 29 juin 1890, la première organisation ouvrière fédérative est formée : la Fédération des travailleurs de la région argentine. Lors de son premier congrès (en janvier 1891) elle se déclare comme étant socialiste - c’est-à-dire social-démocrate (le Parti socialiste ouvrier argentin est marxiste révisionniste, comme le Parti socialiste allemand). Or, dans les syndicats, les anarchistes sont majoritaires. Les tensions entre la direction socialiste et la base anarchiste provoqueront l’éclatement et la dissolution de la Fédération en octobre 1892.

Deux ans plus tard (le 11 juin 1894) une deuxième fédération est créée. Ressemblant plus à une organisation politique qu’à une organisation syndicale elle disparaîtra très vite pour les mêmes raisons que la première. Une troisième (en 1897) et une quatrième (en 1900) tentatives, faites à l’initiative du PSOA, échouent aussi.

Le 1er janvier 1901 paraît pour la première fois La Organizacion, journal socialiste qui œuvrera beaucoup pour la création d’une centrale ouvrière. En vingt ans, les choses ont beaucoup évolué : les grèves sont devenues des phénomènes courants et non plus extraordinaires. Par exemple en 1896, 26 000 ouvriers ont été impliqués dans diverses luttes (notamment celles des constructeurs de voitures et la mémorable lutte des cheminots). Aussi, les travailleurs commençaient à ressentir la nécessité d’avoir une véritable organisation au niveau national.