Van Dongen : les années anarchistes

Entre 1895 et 1912, comme beaucoup d’artistes de son époque, Kees van Dongen était anarchiste. Contrairement à d’autres, son engagement ne dura qu’un temps.

Né aux Pays-Bas en 1877, il vient une première fois à Paris en 1897. Il connaît déjà les idées anarchistes car, cette année-là, il illustre la traduction néerlandaise d’un livre de Kropotkine L’Anarchie, sa philosophie, son idéal. D’autre part, il a lu les textes de l’anarchiste hollandais Domela Nieuwenhuis.

Kees van Dongen revient à Paris en 1900. Il est alors l’ami de Félix Fénéon, Maximilien Luce et Paul Signac. Entre 1901 et 1903, il collabore au journal satirique L’Assiette au beurre dont il réalise entièrement le numéro 30 qui a pour titre : Petite Histoire pour petits et grands enfants. Il s’agit en fait de la vie des prostituées, de la réussite à la déchéance puis à la mort. Ces dessins, réalisés avec des crayons de couleur et rehaussés d’aquarelle, sont un constat sévère d’une époque que l’on disait « Belle »… Ses autres dessins attaquent la bourgeoisie, l’armée, le colonialisme. On pouvait dire ce qu’on voulait, crier, injurier le bourgeois qui ne voulait pas se laisser épater. Nous étions tous anarchistes et jeunes.

Kees van Dongen participe occasionnellement à La Revue blanche de Félix Fénéon et aux Temps nouveaux de Jean Grave. Il donne à ce journal quatre dessins entre 1905 et 1906 et fait des dons à ses tombolas de soutien. À cette époque, il méprise le commerce de l’art. Il dit préférer le dessin à la peinture car celle-ci est réservée à des « bandits » et des « calculateurs ».

Par la suite, Kees van Dongen sera l’un des représentants du fauvisme. Mais il va vite devenir un peintre mondain. Politiciens, acteurs et actrices de théâtre et de cinéma : nombreux sont ceux qui veulent leur portrait réalisé par Kees van Dongen qui semble avoir oublié ses années de jeunesse.