Rien ne semblait destiner Mabel Holland Thomas à devenir une collaboratrice précieuse d’un des principaux journaux anarchistes de l’avant-Première Guerre mondiale, ni à épouser son rédacteur, le très sérieux Jean Grave. Née en 1861 au Pays de Galles, issue d’un milieu fort aisé et conservateur, elle est éduquée dans un pensionnat privé puis retourne vivre dans la demeure familiale, dans une ambiance joyeuse et créative. Clairement douée pour les arts graphiques et l’écriture, elle expose au Salon des Indépendants et écrit plusieurs romans, dont Some Welsh Children (1898).
C’est semble-t-il par l’entremise de leur ami commun Pierre Kropotkine qu’elle fait la connaissance de Grave, à Paris, à la fin des années 1890. Ils se marieront en 1909. La famille de Mabel décrit cette union comme surprenante mais « heureuse ».
Dès les années 1890, elle collabore activement aux Temps nouveaux (1895-1914), qui joue un rôle essentiel dans la construction et la diffusion d’un art anarchiste. Elle traduit et écrit des articles et, sous la signature « MAB » ou « MHT », illustre certaines brochures et livres édités par le journal, notamment Les Aventures de Nono (1901) et Terre libre (1908) de Grave.
Elle compte également parmi les illustrateurs des volumes Le Coin des enfants à partir de 1905, pour lesquels elle traduit des contes en français. Son soutien matériel pour le journal de Grave est aussi conséquent. Malade, Mabel meurt en janvier 1929, laissant une très belle œuvre, bien trop mal connue.
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