Jules Grandjouan

Il est né à Nantes en 1875 dans une famille aisée. Son premier recueil de dessins est consacré à sa ville (Nantes la grise, 1899). Ses premiers dessins politiques sont consacrés à l’affaire Dreyfus.

C’est à Paris qu’il va fréquenter les milieux ouvriers. Jules Grandjouan abandonne son métier de clerc de notaire et se consacre alors entièrement au dessin. Il collabore aux journaux humoristiques Le Rire et La Vie illustrée.

Il rejoint l’équipe prestigieuse de L’Assiette au beurre en 1902. Jules Grandjouan en est l’un des principaux collaborateurs car il a réalisé près de 10 % des numéros jusqu’en 1912. Ses thèmes de prédilection sont l’antimilitarisme, l’antipatriotisme, l’antiparlementarisme et l’anticléricalisme.

Anarchiste et syndicaliste révolutionnaire, il collabore aux journaux de ces milieux : La Voix du peuple, Les Temps nouveaux, La Guerre sociale, Le Libertaire… On lui doit sans doute la première affiche politique illustrée, consacrée à la répression des manifestations de Villeneuve-Saint-Georges (1908).

Ses dessins antimilitaristes publiés dans La Voix du peuple lui valent des poursuites judiciaires. Condamné à la prison ferme en 1911, il choisit l’exil. Il se réfugie alors en Allemagne dans la famille d’Isadora Duncan qu’il avait rencontrée en 1903. On lui doit de nombreux portraits de la danseuse. Gracié en 1913, Jules Grandjouan peut rentrer en France.

Pendant la Première Guerre mondiale, il échappe à la mobilisation. Après 1918, la presse satirique a disparu. Il travaille comme décorateur et réalise aussi le tome 2 de Nantes la grise (1923).

Comme beaucoup d’anarchistes, il est enthousiasmé par la Révolution d’Octobre. À partir de 1921, il met ses dessins contestataires au service du Parti communiste. Il fait deux voyages en URSS et en rapporte des cahiers de dessins (Russie vivante, 1926). Sa relation avec le pc s’achève en 1931.

Après 1932, il se retire de l’action politique. À sa mort, survenue quelques mois après Mai 1968, il laisse des milliers de dessins et gravures. Jules Grandjouan était l’un des caricaturistes les plus virulents de son époque. Il a popularisé la représentation des puissants : ventripotents, gros mangeurs, fumeurs de cigares à haut-de-forme.