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Sophie Zaïkowska (1880-1939)

CIRA Calendrier 2024

dimanche 30 juin 2024, par Lou Marin (CC by-nc-sa)

Georges Butaud (1868-1926)

Née en Lituanie, elle avait étudié les sciences naturelles à Genève avant de venir en France en 1898. Un an plus tard, elle fit la connaissance de Georges Butaud (1868-1926), qui poursuivait déjà à l’époque un projet de communauté anarchiste. Tous deux restèrent compagnons de vie pendant 28 ans, jusqu’à la mort de
Butaud.

Et tous deux participèrent à plusieurs projets de communes du milieu libre des anarchistes, à Vaux en 1902, à Bascon en 1911 ou à Saint-Maur en 1912, où elle était également institutrice. En 1911, elle fonda avec Georges Butaud la revue La Vie anarchiste.

Marie Kugel

Alors que Butaud défendait une position critique vis-à-vis de la violence des attentats anarchistes du groupe Bonnot, Zaïkowska prônait le militantisme violent de masse. Parallèlement, elle collabora avec la militante non-violente Marie Kugel et traduisit une brochure de tolstoïens russes pour la revue de Kugel et E. Armand, L’Ère Nouvelle.

Sophie Zaïkowska s’engagea surtout en tant que féministe et critiqua les hommes de la classe ouvrière qui voulaient acheter de la viande qui était à l’époque très chère. Dans un article paru dans La Vie anarchiste en mai 1912, Zaïkowska a évoqué sa principale préoccupation, l’émancipation par l’alimentation végétarienne dans les ménages ouvriers. Butaud et Zailcowska publièrent ensemble en 1923 la brochure Tu seras végétalien ! En 1923, tous deux ouvrirent plusieurs « foyers végétaliens » dans le 19e arrondissement de Paris, où les ouvriers et ouvrières démunis pouvaient manger et dormir à très bon marché. De plus, des cours de littérature et d’espéranto y étaient organisés à leur intention. Pour L’Encyclopédie anarchiste publiée par Sébastien Faure, elle a rédigé l’article sur le végétarisme.

Sophie Zaïkowska pratiqua en outre dans les communes des relations amoureuses expérimentales, appelées « amour pluriel », de 1913 à 1924 non seulement avec Georges Butaud, mais aussi avec le communard Victor Lorenc (1876-1929). Cette approche s’opposait à la jalousie et à la possession privée dans les relations amoureuses.

Elle écrivait que l’émancipation des femmes devait être avant tout l’œuvre des femmes elles-mêmes et critiquait dans ses articles le fait que les jeunes femmes ne venaient dans les communes que pour pouvoir y changer de partenaire. Celle qui est digne de la liberté n’attend pas qu’on la lui donne, elle la prend (Le Féminisme, 1er mai 1913). En même temps, elle critiquait l’ignorance des hommes anarchistes : La femme n’est guère perçue autrement que comme épouse ou maîtresse, comme complément de l’homme et comme incapable de pouvoir organiser sa vie pour et par elle-même (Le Féminisme, 1er mai 1913).

En conséquence, Sophie Zaïkowska publie le 5 septembre 1913 dans La Vie anarchiste, sous le titre « Lâcheté masculine » une défense de Rirette Maîtrejean, rédactrice de l’hebdomadaire l’anarchie, qui venait de condamner la pratique des attentats lors du procès du groupe Bonnot et qui avait été vivement attaquée pour cela par des individualistes comme André Lorulot.


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