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Tierra y libertad ! (1910)

vendredi 27 septembre 2019, par Partage Noir (CC by-nc-sa)

1910

  • Le 9 janvier, Jesús María Rangel est condamné à 18 mois d’emprisonnement pour violation des lois de neutralité.
  • Le 17 avril, les chefs militaires du Parti libéral mexicain réunis à Tlaxcala décident, du fait que l’agitation est géné­rale à travers plusieurs États du Mexique, qu’il est maintenant temps pour une autre insurrection révolutionnaire.
  • Avril, Madero est élu par le Parti anti-réélectionniste pour s’opposer à Díaz lors des élections présidentielles à venir.
  • Mai-juin, 1 500 péons armés prennent la ville de Valladolid (Yucatan) et la tiennent durant 4 jours, après avoir tué le « jefe politico » (sorte de préfet politique aux pouvoirs étendus).
  • Juin, Díaz fait emprisonner Madero à San Luis Potosí. Après quoi, Madero « perd » les élections présidentielles contre Díaz, mais de nombreuses villes et villages anti-réelectionnistes n’ont pas le droit de voter.
  • Le 26 juin, au nom du Parti libéral mexicain, 300 péons investissent l’hôtel de ville de San Bernardino Contla (Tlaxcala) et font prisonnier le « jefe politico » avant d’être dispersés par l’armée.
  • Le 3 août, Ricardo, Librado et Villarreal sont relâchés du pénitencier de Florence (Arizona).
  • Le 5 août, Ricardo et ses compagnons sont accueillis à la gare de Los Angeles par un important groupe d’amis et de sympathisants, et dans la soirée un grand meeting se tient au « Labor Temple » en leur faveur.
  • Le 3 septembre, première parution de Regeneración à Los Angeles, le bureau d’édition comprend : Ricardo, Librado, Villarreal, Gutiérrez de Lara, Amselmo L. Figueroa, Enrique Flores Magón et Práxedis Gilberto Guerrero (aussi bien Práxedis qu’Enrique avaient été capables de continu­er le travail de propagande quand Ricardo était en prison). De plus, une page en anglais est insérée dans Regeneración, le responsable en est Alfred G. Sanftleben (vieil anarchiste allemand passé au socia­lisme puis revenu à l’anarchisme, il a traduit les travaux du docteur Rossi sur « La Cecilia » au Brésil et collaboré à Freiheit de Most).
  • Le 1er octobre, la devise du Parti libéral mexicain devient « Tierra y Libertad ». Dans un éditorial de Regeneración. Ricardo écrit : La terre ! criait Bakounine, la terre ! criait Ferrer, la terre ! crie la Révolution mexicaine.
  • Le 5 octobre, « Santanon », de son vrai nom Cruz Santana Rodriguez, comman­dant militaire des groupes libéraux de l’État de Veracruz, prend la ville de San Andrés Tuxtla.
  • Le 6 octobre, Madero s’échappe de San Luis Potosî et s’enfuit à San Antonio (Texas), d’où il lance son « Plan de San Luis Potosí » et appelle à l’insurrection géné­rale le 20 novembre. Cándido Donato Padua prévient Ricardo que Madero a écrit un article, publié dans un journal de Veracruz, dans lequel il déclarait assumer le titre de « président provisoire » de la République et Ricardo celui de « vice-président ».
  • Ricardo répondra à cette « proposition » par un article intitulé « Je ne veux pas être tyran » dans Regeneración :

    Je ne lutte pas pour un poste au gouver­nement. J’ai reçu des propositions de beaucoup de madéristes de bonne foi - car il y en a , et en assez grand nom­bre - pour que j’accepte un poste dans ce qu’on appelle le Gouvernement « provisoire » et le poste que l’on m’offre est celui de vice-président de la République. Avant tout, je dois dire que les gouvernements me répugnent. Je suis fermement convaincu qu’il n’y a pas, qu’il n’y aura jamais de bon gouvernement. Tous sont mauvais, qu’ils s’appellent monarchies absolues ou républi­ques constitutionnelles. Le gouvernement c’est la tyrannie parce qu’il limite la libre initiative des individus et sert seule­ment à soutenir un état social impropre au développement intégral de l’être humain. Les gouvernements sont les gardiens des intérêts des classes riches et éduquées, et les bourreaux des saints droits du proléta­riat. Je ne veux donc pas être un tyran. Je suis un révolutionnaire et le resterai jusqu’à mon dernier soupir. Je veux être toujours aux côtés de mes frères, les pauvres, pour lutter avec eux, et non du côté des riches ni des politiciens, qui sont les exploitants des pauvres. Dans les rangs du peuple travailleur je suis plus utile à l’humanité qu’assis sur un trône, entouré de laquais et de politicards. Si le peuple avait un jour la très mauvaise idée de me demander d’être son gouverneur, je lui dirai : Je ne suis pas né pour être bourreau. Cherchez-en un autre !
    Je lutte pour la liberté économique des travailleurs. Mon idéal est que l’homme arrive à posséder tout ce dont il a besoin pour vivre, sans qu’il ait à dépendre d’un quelconque patron, et je crois, comme tous les libéraux de bonne foi, qu’est arrivé le moment où nous, les hommes de bonne volonté, devons faire un pas vers la vraie libération, en arrachant la terre des griffes du riche, Madero inclus, pour la donner à son propriétaire légitime : le peuple travailleur. Dès qu’on aura obtenu cela, le peuple sera libre. Mais il ne le sera pas s’il fait de Madero le président de la République, parce que, ni Madero, ni aucun autre gouverneur, n’aura le courage de faire un pas dans ce sens et que s’il le faisait, les riches se soulèveraient et une nouvelle révolution suivrait la présente. Dans cette révolution, celle que nous sommes en train de contempler et celle que nous essayons de fomenter, nous devons enlever la terre aux riches.

  • Le 11 octobre, « Santanon » est tué dans une bataille contre les troupes fédérales.
  • Le 16 novembre, Ricardo envoie une circulaire à tous les membres du Parti libéral mexicain les informant de la date du soulèvement de Madero, mais en les préve­nant des différences existant entre les libéraux et le mouvement madériste.
  • Le 20 novembre, l’insurrection madériste commence. Dans Regeneración, Ricardo résume les objectifs du Parti libéral mexi­cain : Le Parti libéral mexicain travaille au bien-être des classes défavorisées du peuple mexicain. Il n’impose pas de candidat (aux élections présidentielles), parce que ce sera à la volonté du peuple de résoudre la question. Le peuple veut-il un maître ? Alors, qu’il en élise un. Tout ce que le Parti libéral mexicain désire est de réaliser un changement d’esprit des travailleurs afin que chaque homme et femme sache que personne n’a le droit d’exploiter qui que ce soit ; que nous avons tous, par le simple fait de venir sur cette Terre, droit à tout ce qui nous est nécessaire aussi longtemps que nous contribuons à la pro­duction (des choses), et que personne n’a le droit de s’approprier des terres cultiva­bles, car ce sont des cadeaux de la nature dont nous avons tous le droit de moissonner les bienfaits naturels (...).
  • Le 10 décembre, expliquant à nouveau les différences entre le Parti libéral mexicain et Madero, Ricardo écrit dans Regeneración : Les gouvernements doivent protéger le droit de propriété par-dessus tous les autres droits. Donc n’espérez pas que Madero attaquera le droit de propriété en faveur du prolétariat. Ouvrez les yeux. Souvenez-vous d’une devise, simple et vraie, et d’une vérité indestructible, l’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.
  • Le 19 décembre, Práxedis traverse la frontière mexicaine et, avec 22 camarades, commence la campagne révolutionnaire du Parti libéral mexicain dans l’État de Chihuahua.
  • Le 28 décembre, le groupe de Práxedis, qui compte maintenant 51 personnes, atta­que la ville de Casas Grandes (Chihuahua).
  • Le 30 décembre, Práxedis est tué pen­dant que son groupe attaque et prend la ville de Janos (Chihuahua).
  • Le 31 décembre, Alfred G. Sanftleben démissionne de son poste de rédacteur de la page anglaise de Regeneración ; il est alors remplacé par Ethel Duffy Turner.