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Maximilien Luce (1858-1941) [04]

mardi 27 octobre 2020, par Victor Méric - Flax (Domaine public)

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Luce est surtout connu des révolutionnaires par ses dessins. Ce plébéien, qu’anima l’amour du peuple et qui sut se pencher sur ses souffrances, comprendre ses misères, a longtemps été l’illustrateur du Père Peinard et des Temps Nouveaux. Compromis lors des attentats anarchistes, il fut arrêté dans la grande fournée qui précéda le procès des Trente et jeté pour deux mois à Mazas. Cela ne l’a troublé en rien. Il est resté le peintre des travailleurs, qu’il aime violemment. Son œuvre lithographique est consacrée entièrement à l’ouvrier et au monde du travail. Il a vécu dans ce monde, il a compris ses colères et ses haines, il a souffert ses souffrances. Comme l’a dit Émile Verhaeren, ses dessins réclament de la justice et de la pitié, appellent les révoltes.

Avant lui, Constantin Meunier nous avait donné la vision douloureuse de la funèbre région du Borinage. Les forçats de la mine, les serfs des fosses nous étaient apparus dans leur attitude poignante de déformation. Mais il manquait à cela le milieu, c’est-à-dire l’atmosphère de là-bas, les mines, les terris fumants. Luce nous a donné ces paysages d’une harmonie triste (violet et or), avec généralement le violet comme dominante. Rien de plus angoissant. Le peintre a fixé sur ces toiles toute la misère, toute la douleur qui planent tragiquement sur cette noire contrée où l’homme disparaît, parmi la fumée, sous la ciel lourd chargé de deuil, dans une désolation infinie.