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II - La République d’Eisner (8 novembre 1918 - 21 février 1919)

mardi 21 mai 2019, par Partage Noir (CC by-nc-sa)

Cette période est fortement marquée par la personnalité de Kurt Eisner. Un des protagonistes, Ernst Toller, en fait le portrait suivant : Eisner, qui fut pauvre toute sa vie et sans besoins, était un petit homme mince aux cheveux blonds cendrés lui tombant en désordre sur la nuque comme sa barbe broussailleuse sur la poitrine, ses yeux myopes regardaient comme étrangers par-dessus le pince-nez mal fixé presque à l’extrémité du nez, et ses petites mains soignées, d’une finesse féminine, ne répondaient pas plus aux pressions amicales qu’hostiles, geste révélateur de sa timidité dans les relations humaines. [1]

L’idéologie d’Eisner

Ecrivain, journaliste et éditeur, Eisner laisse perplexe lorsqu’on étudie ses idées. Ses convictions proviennent moins d’une théorie politique cohérente que de son caractère. Ce n’est pas vraiment un révolutionnaire. A Erich Mühsam qui le rencontre en 1917, il déclare être jauressiste. Pour Mühsam il était en fait plus près du révisionnisme d’Edouard Bernstein. Il se situe à l’aile droite de l’U.S.P.D., étant nettement hostile à une révolution socialiste ou communiste. Et pourtant, son parti avait proposé la nationalisation des grandes entreprises capitalistes (banques, mines, métallurgie, transports), celle des grandes propriétés foncières et la municipalisation du sol dans les villes.

Mais Kurt Eisner ne veut pas de transformation sociale dans l’immédiat. Devant le comité exécutif des conseils berlinois il déclare : Je ne tiens pas pour tout à fait juste la conception mystique selon laquelle le transfert des moyens de production à la société doit être réalisé en ôtant le pouvoir à la bourgeoisie.  [2].

Mêmes propos devant les Conseils de soldats de Munich le 30 novembre 1918 : il ne faut surtout pas s’inspirer de la révolution russe. Il rejoint en cela le social-démocrate Auer, son ministre de l’intérieur, qui s’exclame : Si nous bouleversions l’économie, nous arriverons les derniers sur le marché mondial et l’ouvrier serait le premier à en souffrir .

On touchera à l’économie plus tard...

La politique extérieure d’Eisner

Si Eisner s’oppose aux sociaux-démocrates, c’est à cause de leur attitude belliciste pendant la guerre. Cet ardent pacifiste sait trouver les mots pour toucher les masses et Ernst Toller raconte dans ses mémoires qu’un paysan avait fait pleurer d’autres villageois en leur lisant le « Serment sur la paix » du leader de l’U.S.P.D. Courageusement, Eisner ne cesse de montrer la culpabilité de l’Allemagne. Pendant la réunion des États du Reich, il défend cette thèse jugée scandaleuse par les nationalistes. Lorsqu’il demande au début du mois de décembre 1918 la publication des archives du ministère bavarois des Affaires étrangères afin de prouver les crimes de guerre allemands, une réponse plutôt sèche lui est adressée de Berlin :

Le gouvernement central a établi dans différentes manifestations le programme de sa politique extérieure. [3]

De même, à la conférence socialiste de Berne, il revient sur la responsabilité de l’Allemagne et envoie comme ambassadeur à Berne un pacifiste, le professeur Foester, tout en proposant que des ouvriers allemands volontaires viennent reconstruire les villes françaises endommagées pendant la guerre !

Eisner joue aussi un rôle important sur le plan séparatiste. Sa politique s’insère dans la méfiance qu’éprouvent les États du sud de l’Allemagne envers Berlin. Ainsi, à la conférence des premiers ministres du Reich (25 novembre) il propose un directoire des États du sud où il prendrait la politique extérieure afin de contrebalancer l’influence des socialistes de Prusse. Mais Ebert, ex-chancelier et commissaire du peuple S.P.D. brise cette tentative en proposant des élections pour une assemblée de tous les États du Reich, ce qui est adopté. Le gouvernement de Berlin envoie aussi ce communiqué à Eisner :

Nous sommes d’avis que d’étroites relations doivent être créées entre le gouvernement central et les différents États libres, et nous songeons à la réalisation pratique de cette idée. Nous avons depuis quelques jours un projet de la Prusse qui va être examiné à fond [4].

Ce projet de constitution allemande est celui proposé par Ebert et rédigé par Hugo Preuss dans un sens unitaire et assez centralisé. Mais début février, Eisner est à Weimar pour présenter des contre-propositions au nom des cinq États du sud. Eisner est, on le voit, l’élément agissant de ce que Claude Klein appelle une crise du fédéralisme allemand [5].

Attitude des partis bavarois

Ce jeu personnel lui vaut une relative passivité des partis bourgeois régionaux. En décembre 1918, le Parti bavarois du Peuple (B.V.P.) de centre-droit affirmait vouloir mettre un terme à la dépendance dans laquelle se trouve la Bavière jusqu’à ce jour sur le plan de la politique gouvernementale, économique et fiscale. La Bavière aux Bavarois !.

C’est bien le seul domaine de consensus. En effet, Eisner effraie les possédants et les nationalistes tandis que la laïcisation de l’enseignement mécontente le clergé, toujours très puissant en Bavière.

Quant aux sociaux-démocrates, la politique d’Eisner les rend furieux. Leurs chefs, Auer et Timm (qui considère Eisner comme un dément), animent une violente campagne d’opinion. Les réunions du gouvernement sont houleuses. La presse raconte qu’Eisner est un juif étranger, un satrape transformant son ministère en bordel. Comme à son habitude il ignore ces insultes mais ses adversaires n’en démordent pas dans l’espoir d’obtenir sa démission. Par exemple, à son retour de la conférence de Berne, il découvre qu’Auer a projeté d’établir un nouveau gouvernement sans sa participation et doit dénoncer ces manigances devant le congrès des Conseils pour sauver son poste !

Eisner et les conseils

Pourtant, il s’oppose aussi aux éléments les plus radicaux de la population représentés par les conseils. En effet, Eisner prône une politique d’équilibre entre le gouvernement c’est-à-dire la voie « légale » et les conseils même si tous les deux sont nés de l’insurrection et ont donc la même origine. Eisner a confiance dans le système parlementaire et s’oppose à un éventuel pouvoir des conseils, mais il ne veut pas non plus les éliminer. Tout au plus il admet un droit de contrôle sur le gouvernement. Dans un discours de décembre 1918 il expose sa philosophie des conseils que Lionel Richard résume ainsi :

Leur rôle et de vivifier la réflexion et l’activité politique des masses, de servir de remparts contre le danger de s’en remettre exclusivement à un parlement, ce qui conduirait à un engourdissement de la vie politique. Ce que les conseils d’ouvriers doivent être dit-il, c’est une sorte de presse publique, se livrant à la critique de l’ensemble de la vie publique [6].

Mühsam et les conseils

Ce point de vue sur les conseils n’est pas partagé, bien sûr, par les révolutionnaires. A leur tête se trouve l’anarchiste Erich Mühsam qui milite activement au sein du R.A.R. (Conseil révolutionnaire des ouvriers). Ce forum militant avait été créé par des militants U.S.P.D. mais très vite ses liens avec l’U.S.P.D. vont devenir très formels. Grâce à Mühsam le R.A.R. va prendre une forte coloration anarchiste et l’on voit même des militants spartakistes y adhérer en raison de ses positions radicales. Malgré sa faiblesse numérique (environ 50 militants), le R.A.R., groupe armé, joue un rôle moteur dans l’agitation révolutionnaire. Mühsam fonde aussi l’Union des internationalistes révolutionnaires (V.R.I.), organisme unitaire avec les communistes, qui défend l’idée d’une organisation sociale basée sur les conseils. Cette organisation peut être définie de la façon suivante :

Ces conseils devaient être organisés dans chaque ville et former (en liaison avec les conseils de soldats et de fermiers) l’administration de chaque ville et village. Tous ces conseils dans le pays devaient élire des représentants et les envoyer à un congrès des conseils à Munich. D’après le projet de Mühsam et de Landauer, ces conseils et ce congrès devaient travailler sur une base fédéraliste et ne pas être centralisés. [7].

En attendant de réaliser ce projet de société, Mühsam propose une série d’initiatives pour rompre avec les anciennes institutions, suivi en cela par les spartakistes locaux. Le 30 novembre, il rédige un tract où le V.R.I. déclare vouloir réaliser le socialisme pour couronner le mouvement révolutionnaire actuel en appelant les Bavarois à rejoindre un mouvement unissant anarchistes, socialistes et spartakistes.

Mühsam et les communistes

L’attitude des spartakistes, particulière à la Bavière, mérite d’être signalé. A peine ont-ils formé leur propre groupe le 11 novembre, qu’ils inclinent vers les idées anarchistes, reprenant des slogans tels que tout le pouvoir aux conseils (c’est-à-dire sans les subordonner au Parti comme en Russie). Leur leader, le russe Max Levien qui a participé à la Révolution de 1905, ne s’oppose pas vraiment à cette évolution. Pendant la période du gouvernement d’Eisner les spartakistes, bientôt communistes (le Parti communiste allemand est créé le 29 décembre), sont à la remorque derrière Mühsam. Les témoignages de membres du Parti comme Rosa Meyer-Leviné confirment cet état d’esprit [8]. Mühsam tira de ce cas particulier de tolérance réciproque la conclusion théorique qu’anarchistes et communistes devaient toujours travailler ensemble comme en témoigne Von Eisner bis Leviné qui est une longue autocritique adressée à Lénine. Cette démarche unitaire qu’il défendra longtemps, bien après les événements de Bavière, lui procurera souvent d’amères désillusions. Ainsi, une courte adhésion au K.P.D. (15 jours) fut abondamment exploité par le Komintern. Et les communistes essayeront après sa mort d’exploiter son souvenir en promenant sa veuve rendue folle par les camps staliniens dans toutes les cérémonies officielles de la République Démocratique Allemande [9].

Les conseils et le S.P.D.

A l’initiative de Mühsam les Conseils organisent des démonstrations de force. Dans la nuit du 7 décembre, Mühsam, le marin communiste Egelhofer et plusieurs centaines de membres des Conseils se dirigent vers le siège d’un journal clérical particulièrement détesté. Des soldats se joignent à eux et ils décident d’attaquer les salles de rédactions des journaux bourgeois, qu’ils occupent aussitôt. C’est une réponse à la haine incroyable de la révolution que manifestait la presse grand public. Eisner, tiré du lit, intervient pour calmer les esprits. Les révolutionnaires décident alors de se rendre chez Auer, le ministre de l’Intérieur S.P.D. L’écrivain d’extrême droite J. Benoist-Mechin en fait le récit suivant dans son Histoire de l’armée allemande :

Au milieu des cris et des huées, ils exigent que le ministre leur remette sa démission. Sous la menace des revolvers, Auer se voit contraint de signer la déclaration suivante : Dans la nuit du 7 décembre, j’ai été assailli par quatre cents hommes armés, et j’ai été mis en demeure de renoncer à ma charge. Cédant à la violence, je déclare donner ma démission de ministre de l’Intérieur [10]. Finalement les soldats fidèles au gouvernement viennent à bout de l’émeute en libérant le ministre.

Cet activisme ne doit pas faire oublier que les conseils sont dans une mauvaise passe en Allemagne. A Berlin le pouvoir impérial a laissé sa place à une assemblée des conseils noyautée par la social-démocratie. Dès lors la contestation ne semble plus justifiée puisque le S.P.D. a eu l’habileté d’être présent dans les conseils (alors que le socialiste russe Kerensky ne put en faire autant avec les soviets). Institutionnalisés, les conseils échappent aux révolutionnaires. Entre le 16 et le 21 décembre 1918 a lieu un premier congrès des conseils d’Allemagne. Mais sur un total de 489 délégués il y a seulement 179 ouvriers et employés et le S.P.D. s’est assuré une majorité confortable, ce qui lui permet de décider la tenue d’élections qui substitueront aux conseils un système parlementaire. L’écrivain Ernst Toller, délégué de la Bavière, constate impuissant, ce suicide : Le congrès des conseils allemands renonce volontairement au pouvoir, ce cadeau inespéré de la révolution, les conseils abdiquent, ils abandonnent le destin de la République aux aléatoires résultats des élections douteuses [11]. Un fossé se creuse entre les conseils en voie de disparition, du fait de ce noyautage et ceux qui poursuivent l’action révolutionnaire comme en Bavière.

Les élections bavaroises

Au gouvernement Eisner, les sociaux-démocrates réclament sans cesse la tenue d’élections qui mettraient fin à la dualité des pouvoirs au détriment des conseils. Eisner hésite. S’il approuve ces élections, il souhaite en retarder l’échéance afin de permettre à l’U.S.P.D. de consolider ses positions. Les chefs sociaux-démocrates ne l’entendent pas ainsi. Outre la campagne de presse contre Eisner, ils multiplient les provocations verbales. Lors de l’insurrection communiste à Berlin (janvier 1919), Auer déclare dans un discours que la Bavière devrait intervenir militairement pour participer à la répression. Une provocation aussi odieuse qu’inutile au moment où l’armée écrase le soulèvement ouvrier avec des lance-flammes et des mitrailleuses !

Finalement Eisner cède et des élections sont prévues pour le 12 janvier 1919. Les éléments les plus radicaux boycottent ces élections et Eisner commet une erreur qui le prive définitivement du soutien des révolutionnaires. Craignant des perturbations dans le déroulement du scrutin de la part des communistes et des anarchistes il fait arrêter douze militants dont Levien et Mühsam. Ce dernier écrit dans ses souvenirs :

Par cette tentative il alla au devant d’un échec décisif et s’aliéna la sympathie des masses les plus radicalisées (...) spontanément, une gigantesque manifestation se rassembla devant le ministère pour exiger notre libération [12]. La foule menaçante se presse sous les fenêtres d’Eisner qui refuse d’abord de négocier puis cède lorsque le communiste Egelhofer pénètre dans son bureau par la fenêtre !

Sous la pression populaire, Kurt Eisner doit faire relâcher les prisonniers. Mais le climat politique reste agité, le 7 janvier il y a deux morts à Munich à la suite d’une grève. La répression sévit dans le nord de la Bavière ; on arrête des révolutionnaires à Nuremberg le 10 janvier. Le 12, les Bavarois votent. Et ces élections sont un désastre pour Eisner. L’U.S.P.D. obtient un score ridicule : 2,3% des voix soit 3 sièges au parlement ! Les grands vainqueurs sont le Parti populaire bavarois (droite) avec 35% des voix et 66 sièges et la social-démocratie avec 33% des voix et 61 sièges.

Il y a plusieurs explications à cet échec. La propagande contre Eisner a porté ses fruits et beaucoup de Bavarois ont voté contre lui, effrayés par les calomnies répandues sur son compte. Ensuite la politique d’Eisner a mécontenté les révolutionnaires, qui n’ont pas voté pour lui. Leur abstention était logique. Un tel scrutin ne pouvait que revenir sur les acquis révolutionnaires des conseils puisque le système parlementaire diverge totalement sur la conception du pouvoir populaire.

La fin d’Eisner

Eisner, qui était plutôt réticent à l’égard des conseils, apparaît comme le principal agitateur aux yeux de l’électorat. Les sociaux-démocrates et la droite demande sa démission mais Eisner refuse. Puisque l’équilibre est rompu au détriment des conseils, il va s’appuyer désormais sur ceux-ci. Lui qui faisait arrêter Mühsam et les communistes, participe avec eux à une grande manifestation des conseils le 16 février1919 au cours de laquelle on réclame le départ des ministres S.P.D. et l’instauration du socialisme sous des banderoles telles que Tout le pouvoir aux Conseils. Le même jour une manifestation similaire à Nuremberg se termine par deux morts.

A la mi-février se déroule à Munich le congrès des conseils d’ouvriers, de paysans et de soldats. Eisner réussit à se faire élire au conseil central. Il s’imaginait en s’y montrant publiquement comme un dirigeant révolutionnaire de toute confiance pour les masses, gagner une popularité qui ne s’était pas affirmée par le biais des élections [12].

Cette attitude le condamne à mort. La presse s’acharne sur lui, en excitant les esprits. Eisner décide finalement de démissionner. Le 21 février 1919, en se rendant au parlement dans ce but, il est assassiné par un officier d’extrême droite, le comte Arco-Valley, peut-être membre d’un complot visant à éliminer tous les chefs révolutionnaires, et qui lui tire une balle en plein front. L’émotion est grande dans les milieux populaires. Un ouvrier membre des conseils et du R.A.R., Alois Lindner, entre peu après dans la salle du parlement et fait feu en pleine séance sur Auer, jugé responsable, qui s’écroule, grièvement blessé. Un député de droite, Heinrich Osel, le chef du Parti populaire bavarois, est abattu par un autre tireur quelques minutes plus tard.

Après sa mort, Eisner reçoit une auréole de martyr révolutionnaire. Cent mille personnes, dont des anciens prisonniers russes suivent son cortège funèbre à travers la ville sous une nuée de drapeaux rouges jusqu’au cimetière de l’Est où son corps est incinéré. Mais avec lui disparaît tout arbitrage entre les conseils et le gouvernement. Un affrontement direct semble inévitable.

 


[1E. Toller : Une jeunesse en Allemagne, Lausanne, 1974, p. 116

[2G. Badia : « Kurt Eisner devant le comité exécutif des conseils berlinois », in Revue d’Histoire moderne et contemporaine, avril-juin 1968, p.345

[3Cité par Le Journal, du 8 décembre 1918 d’après un communiqué officiel

[4Cité par Le Journal, du 8 décembre 1918 d’après un communiqué officiel

[5Claude Klein : Weimar, Paris, 1968, p.25

[6Lionel Richard, in Rosa Meyer-Léviné : Vie et mort d’un révolutionnaire, Paris, 1980, p.14

[7S.n. : « Gustav Landauer et la Révolution allemande », in Le Monde libertaire, n°128, janvier 1967

[8R. Meyer-Léviné, op. cit.

[9Sur ce sujet, voir Rudolf Rocker : Der Leidensweg von Zensl Mühsam, 1949. Mühsam recommanda à sa femme de ne pas faire confiance aux staliniens. Mais après sa mort, elle fut invitée en URSS. Elle s’y rendit pour être aussitôt arrêtée et les manuscrits de Mühsam furent confisqués... Ajoutons que la plupart des responsables de l’Armée rouge bavaroise survivants et réfugiés à Moscou ont été liquidés sur ordre de Staline en 1937-1938.

[10J. Benoist-Méchin : Histoire de l’armée allemande, Paris, 1964-1966, T.1, pp. 273-274

[11Ernst Toller, op. cit., p. 112

[12Lionel Richard, préface à R. Meyer-Léviné, op. cit., p.16