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Georges Yvetot (1868-1942) [07]

jeudi 20 février 2020, par Victor Méric - Flax (Domaine public)

Le but des syndicats fut d’abord de lutter contre la tyrannie patronale et de lutter au jour le jour, pour obtenir de meilleures conditions de travail, des relèvements de salaires, des diminutions d’heures de travail, etc. Ces desiderata sont encore ceux des réformistes qui ne veulent rien changer à l’organisation sociale actuelle. Mais peu à peu, les ouvriers comprirent qu’il ne suffisait pas de conquérir quelques droits éphémères et qu’à une augmentation de salaires, pour prendre un exemple, correspondait fatalement une augmentation du prix des objets et produits nécessaires à la vie. Ils virent clairement qu’il n’y avait rien à espérer tant que l’organisation sociale ne serait pas transformée. Ils conçurent très nettement la nécessité de changer radicalement le mode de propriété et le régime économique.

Dès, ce jour, le syndicalisme révolutionnaire était né. Il poursuivait l’abolition de la propriété individuelle et la reprise des instruments de travail et du sol. L’entrée des anarchistes dans les syndicats qui demeurèrent longtemps des instruments passifs entre les mains des hommes politiques fut pour beaucoup dans cette orientation. Elle apprit surtout aux travailleurs à se passer du concours des politiciens qui font plutôt leurs affaires que celles du monde ouvrier.

La lutte acceptée, le but admis, restaient les moyens à employer. D’abord, organiser la classe ouvrière, l’éduquer, la rendre apte à s’occuper, le cas échéant, de prendre la direction économique et de réglementer la production et la consommation ; ensuite, lui donner le sens révolutionnaire et lui faire comprendre qu’à l’époque actuelle, la violence seule peut permettre de résoudre la question sociale.

Devant les ouvriers groupés, se dressaient les forces capitalistes ayant à leur service le suffrage universel, la religion, le militarisme. On enseigna aux ouvriers le mépris des politiciens et on leur demanda de faire leurs affaires eux-mêmes, On leur apprit, également, à rire des sornettes débitées par les prêtres. Enfin, et ce fut la besogne essentielle, on leur expliqua le rôle de l’armée, chien de garde du capital et on les instruisit dans la haine des guerres et des patries.