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Stratégie de l’athéisme : I - Origines

samedi 13 avril 2019, par Partage Noir (CC by-nc-sa)

Aucune idée, surtout si elle est fondée rationnellement, ne peut être étouffée longtemps. Cette idée peut être abandonnée par une société mais, tôt ou tard, elle refait surface. Ainsi, durant l’Antiquité, il se trouva des savants grecs pour supposer que la Terre était ronde. Cette thèse n’eut aucun succès à l’époque et l’on préféra penser pendant des siècles qu’elle était plate. Les grandes découvertes, l’intérêt pour la connaissance du monde remirent la théorie en vigueur. De même, il y eut probablement des athées durant l’Antiquité. Un auteur comme Lucrèce (De la nature des choses, vers 50 avant J.-C.), mène son explication de la nature jusqu’à un certain matérialisme. Il ne le fait pas totalement mais suffisamment pour combattre les religions. Il n’est pas possible de se faire une opinion précise sur ce genre d’auteurs et l’audience qu’ils avaient. Les auteurs chrétiens, qui contrôlaient déjà le savoir à la fin de l’Antiquité, ne manquèrent pas de faire passer Lucrèce pour fou et ils censurèrent les autres écrivains. Les historiens en sont réduits à quelques spéculations sur les matérialistes de l’Antiquité. Il y eut ensuite un long trou noir, celui du Moyen-Age. Sans doute y eut-il des athées à cette époque, mais ils ne pouvaient s’exprimer. Au Moyen-Age, le monde occidental est basé sur l’unité de la chrétienté sous la houlette des papes et des princes. Les innombrables « hérésies », comme celles des cathares ou des vaudois, furent écrasées dans le sang tandis que brûlaient les « sorcières » et. les « magiciens » sur les bûchers.

La grande rupture intervint durant la Renaissance. Aujourd’hui des historiens contestent cette coupure avec le Moyen-Age pour minimiser les conflits. Pourtant le choc fut réel lors de la Réforme protestante. Cette scission religieuse cassa l’unité chrétienne et remit en cause des dogmes. Bien sûr, les protestants furent eux-mêmes des bourreaux. A Genève, Calvin fit brûler le médecin déiste Michel Servet (1553). On fit une hécatombe de libres-penseurs au XVIe siècle : Etienne Dolet à Lyon, Giordano Bruno en Italie, etc. C’est bien la preuve que le doute envers la religion renaissait. D’ailleurs ce siècle fut sanglant avec ses guerres de religion et on connut aussi une montée spectaculaire des procès en sorcellerie, signe de l’angoisse des foules.