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[02] Charles Malato (1857-1938)

samedi 12 septembre 2020, par Victor Méric - Flax (Domaine public)

Charles-Armand-Antoine Malato de Corné (sans piston, dit-il en riant) est né à Foug, dans la Meurthe-et-Moselle, le 7 septembre 1857, à onze heures du soir pour préciser. Il est le fils d’un père sicilien et d’une mère lorraine.

Du côté paternel, sa famille était ultra-réactionnaire, aristocratique et millionnaire. A cette famille appartenait le fameux marquis del Carretto, – qui fut une sorte de Plœhve napolitain premier ministre du sinistre roi Bomba (Ferdinand II). Notons que le petit-fils de cet abominable gredin contre lequel, plus encore que contre le roi, se fit la révolution sicilo-napolitaine, accueillait comme maire de Naples, le président de la République Française, Loubet, qui devait, quelque temps après, recevoir des marques de sympathie rue de Rohan. On sait que c’est à la suite de cette affaire que Malato fut arrêté et inculpé de tentative de régicide. Ainsi, à peu de temps d’intervalle, l’un des deux cousins congratulait Loubet à Naples ; l’autre était accusé d’avoir voulu l’occire.

Comment, avec une telle famille, Malato put-il devenir républicain d’abord, révolutionnaire ensuite ? Il faut dire, pour commencer, que son père lui donna l’exemple. Condamné plusieurs fois à mort, au bagne, à la déportation, passant d’Italie en France au moment de la Commune, il fut un merveilleux éducateur de révolte pour son enfant. Malato ne se rappelle pas sans émotion les dernières années de l’Empire, la Commune, les fusillades dans Paris. Quoique jeune, il a vécu intensément cette période de luttes jusqu’au moment du départ pour la Nouvelle-Calédonie. Cela explique qu’il soit demeuré, avant tout, républicain. Anarchiste, certes, il déplore néanmoins que les jeunes gens d’aujourd’hui ne fassent aucune différence entre les divers systèmes de gouvernement. Il a vu la fin de l’Empire. Il a vu la période pendant laquelle, sous l’étiquette républicaine, les monarchistes et les soudards impérialistes étaient au pouvoir et, ayant vu cela, il ne saurait admettre un retour à ce passé abominable. Même avec la tyrannie d’un Clemenceau, la République lui parait infiniment préférable aux régimes déchus.